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vendredi 5 novembre 2010

Stalingrad, par antony Beevor

C'est à Stalingrad, à l'hiver 1943, plus de deux ans avant la capitulation allemande, que Hitler perdit la guerre. Au-delà des chiffres - de 270 à 290 000 prisonniers et environ 100 000 morts -, la bataille annonce le reflux de la Wehrmacht en Europe simultanément aux premiers revers de l'Afrikakorps en Tripolitaine. Du 23 août 42 au 31 janvier 43, la VIe armée de Paulus passa de l'euphorie au doute, puis de l'inquiétude à la résignation, tenue de résister jusqu'au bout, malgré le froid et le typhus, malgré la manœuvre d'encerclement de Joukov que précipite l'entêtement du Führer à ignorer les mises en garde de ses officiers sur place.

Le dépouillement d'archives encore inédites a permis à Antony Beevor de reconstituer ce climat de violence dans chaque camp, les exécutions des déserteurs (l'auteur en recense 13 500 du côté soviétique), le jeu des rumeurs, l'effroi des massacres, les fausses apparitions de Staline, les vrais coups de sang de Hitler, les combats au corps à corps dans la ville, quartier par quartier, rue par rue, immeuble par immeuble, notamment la geste héroïque autour de la «maison Pavlov» prise et reprise cinquante-huit jours durant comme un autre Douaumont. A ce titre, Stalingrad fut un monument de bravoure et de barbarie mêlées, tant le brave et le barbare avaient le même visage dans cette folie furieuse.

On sort de ce bilan magistral abasourdi par l'ampleur et l'horreur des destructions humaines... mais aussi par le temps qu'il a fallu à l'Histoire pour qu'elle reprenne, sur un tel sujet, ses droits. Voilà qui est fait.

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