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jeudi 11 novembre 2010

Stalingrad ... le film de JJ Annaud


L'histoire:

Dans la cité martyre de Stalingrad, écrasée sous les bombes de cet automne 1942, Vassili Zaitsev, jeune russe aux qualités de tir stupéfiante, rencontre, dans des circonstances incongrues, Ivan Danilov, jeune officier politique de son âge. Les deux jeunes gens deviennent amis et ne pourront s'empêcher, au contact de Tania, de rêver aux jours meilleurs.

Remarquant ses qualités extraordinaires, Danilov décide alors de faire de Vassili un héros de la résistance russe et ainsi regonfler le moral des troupes acculées aux bords de la Volga. Mais à force de vanter les exploits du tireur d'élite, l'oeuvre de la propagande de Danilov réussit à exaspérer l'état-major de la Wehrmacht, bien décidé à éliminer ce jeune russe qui décime les troupes de Hitler en tuant bon nombre d'officiers allemands.

Dans les décombres de la cité en ruine, l'état-major allemand, pressé par Hitler lui-même, dépêche alors son meilleur tireur d'élite, le Major Konig, qui a pour mission d'abattre celui qui est devenu le symbole de l'indomptable résistance russe.

La bande-annonce:




Le commentaire:

Force est de constater que parmi les nombreux films sur la seconde guerre mondiale, ceux qui mettent en avant l'armée rouge se comptent sur les doigts d'une main. Un mystère assez paradoxal puisque cette même armée rouge est pourtant à l'origine du déclin allemand. C'est pour cette raison qu'un film comme Enemy at the Gates, mettant au premier plan allemands et russes lors de la bataille la plus meurtrière de la World War II, est particulièrement bienvenu, d'autant plus qu'il est franchement réussi à tous les niveaux.

La première chose qui saute aux yeux dès que se déroulent les premières bobines, c'est l'hyper réalisme qu'a souhaité Jean-Jacques Annaud, jonglant du même coup avec de loin le plus gros budget de sa carrière. Décors en taille réelle, notamment une place de plusieurs hectares pour filmer la première scène de bataille, nombreux figurant pataugeant dans la boue, explosions un peu partout, on se croirait presque chez Spielberg, en Normandie. Néanmoins, n'allez pas imaginer qu'il s'agit d'un énième film d'action avec la guerre comme prétexte.

Jean-Jacques Annaud, le plus américain des réalisateurs français, est également scénariste du film et a eu l'intelligence et la finesse de développer un récit intimiste autour d'une poignée de personnages, le tout sous les bombes allemandes et surtout en dehors des batailles elles-mêmes. La dimension humaine est privilégiée et la scène en guise d'incipit qui montre de pauvres bougres russes tentant bon gré mal gré de prendre d'assaut une position allemande n'est finalement qu'un habile moyen de plonger « in medias res » le spectateur dans le contexte historique forcément omniprésent, pour ensuite lui proposer l'histoire beaucoup plus dramatique, voire même romanesque, qui se joue entre les différentes protagonistes.

Orchestrer un trio amoureux dans ce chaos était assez gonflé mais curieusement on y croit assez facilement. A (Fiennes) aime B (Weisz) qui aime C (Law), et réciproquement. L'amitié entre A et C résistera-t-elle à la frustration de A qui voit B succomber au charme de C ? Rien n'est moins sûr et la tension est habilement entretenue ici et là pour servir le récit jusqu'à la dernière minute. De plus, le casting de qualité, avec un Jude Law qui trouve ici un de ses plus grands rôles, laisse également un peu de champ libre à de grands acteurs qu'on aimerait voir plus souvent tels Bob Hoskins ou Ron Perlman.

D'un point de vue historique, il est intéressant de s'attarder sur le sort de ces soldats russes. Malgré ce qu'on connaissait déjà à leur sujet, on est stupéfait de voir qu'ils craignaient davantage leur état major qu'ils ne craignaient les soldats allemands. En outre, la politique du camarade Staline concernant ses soldats fait véritablement froid dans le dos. Souffrant d'un évident manque de munitions et de coordination face à une armée prussienne très bien équipée et organisée, l'armée russe n'avait d'autre choix que d'épuiser les munitions ennemies en remplaçant sans relâche les hommes tombés.

Venons-en au duel en lui-même. La première scène nous dévoilant les talents de tireur de Vassili nous le présente comme froid, calme, posé et surtout terriblement efficace. Il ne tarde d'ailleurs pas à se faire un nom, fortement aidé en cela par son ami Danilov, qui voit d'abord en ce berger surdouée de la gâchette un merveilleux tremplin pour atteindre les hautes sphères du parti. L'arrivée du tireur allemand va tout remettre en cause. Subitement les rapports de force s'inversent. La terreur des officiers allemands devient la proie d'un tireur au regard froid comme l'acier. Le jeune russe devient pleinement conscient que l'adversaire est plus fort que lui, incontestablement. Le chasseur devient chassé, et subitement nettement moins utile pour son camarade commissaire Danilov. Le récit brasse donc à la fois les valeurs de l'amitié, de l'héroïsme, de l'amour, du don de soi, sans pour autant s'éloigner de sa ligne de conduite réaliste, et en évitant également les temps morts, chose pas si évidente que ça dans un film comportant de nombreuses scènes statiques. Un film au sujet original, parfaitement maîtrisé, et qui a le mérite de traiter une période de la guerre injustement oubliée jusque là.

NB : Dans le documentaire présent sur le dvd, il est amusant d'apprendre que le vrai Vassili Zaitsev, tout bon sniper qu'il était, n'était pas le meilleur tireur russe, par contre il était le plus beau parmi les snipers d'exception, ce qui lui a valu d'être élevé au rang de héros, au détriment de tireurs plus doués mais moins gâtés par mère nature. Ou quand la petite histoire mets les pieds dans la grande.

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